07/05/2024 09:59

UBS renoue avec les bénéfices après deux trimestres dans le rouge

Les analystes interrogés par l'agence suisse AWP tablaient en moyenne sur un bénéfice net de 637 millions de dollars

Le géant bancaire UBS a publié mardi un bénéfice trimestriel largement supérieur aux attentes grâce aux coupes dans les coûts et à l'augmentation de ses revenus, revenant en terrain bénéficiaire après deux trimestres dans le rouge.

Le groupe suisse - absorbé par l'intégration de son ex-rivale Credit Suisse - a annoncé avoir dégagé un bénéfice net de 1,8 milliard de dollars au premier trimestre. Ces chiffres sont difficilement comparables à ceux de la même période l'an passé, à savoir un bénéfice net d'un peu plus de 1 milliard de dollars.

En mars 2023, UBS avait en effet été obligé de racheter son ancienne rivale sous la pression des autorités suisses pour éviter sa faillite. Le premier trimestre 2023 reflétait donc ses performances en tant qu'entité seule, la fusion ayant été officialisée en juin 2023.

Le directeur général d'UBS Sergio Ermotti a indiqué lors d'une conférence avec des analystes qu'il était encore "trop tôt pour spéculer" sur l'impact des changements règlementaires qui se profilent en Suisse, un des points sur lesquels les investisseurs espéraient des premiers éléments de réponses.

Sur les trois premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires d'UBS a augmenté de 46%, à 12,7 milliards de dollars, progressant y compris dans la banque d'investissement, le plus grand chantier dans l'intégration de Credit Suisse.

- Prévisions "massivement" battues -

Dans la banque d'investissement, ses revenus ont grimpé de 16%, portés entre autres par la bonne tenue des introductions en Bourse et fusions et acquisitions.

Le directeur général d'UBS Sergio Ermotti au Forum économique de Davos, le 17 janvier 2024

La banque a pulvérisé les prévisions.

Les analystes interrogés par l'agence suisse AWP tablaient en moyenne sur un bénéfice net de 637 millions de dollars, après une perte de 279 millions de dollars au quatrième trimestre et de 785 millions au troisième. Le chiffre d'affaires était pour sa part attendu à 12,1 milliards de dollars.

Peu avant 10H30 (08H30 GMT), l'action grimpait de 8,07% à 26,91 francs suisses, soutenant le SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, en hausse de 0,90%.

Le retour d'UBS en territoire positif était attendu, à la lumière des chiffres déjà publiés par les banques américaines mais UBS a "massivement" battu les prévisions, a réagi Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, dans un commentaire de marché, grâce à la hausse des revenus mais aussi aux projets de réduction des coûts qui sont "en bonne voie".

Durant le premier trimestre, la banque a réalisé 1 milliard de dollars d'économies supplémentaires, le cumul depuis la fusion se montant à 5 milliards, soit près de 40% de l'objectif de 13 milliards visé pour 2026.

D'ici la fin de l'année, le groupe espère encore réaliser 1,5 milliard de dollars d'économies.

- 15 à 25 milliards de liquidités supplémentaires -

Les analystes financiers espéraient également profiter de la publication de ces résultats pour obtenir davantage d'informations sur les montants que la banque sera obligée de mettre de côté.

La ministre suisse des Finances Karin Keller-Sutter lors d'une conéfernce de presse à Bern, le 21 décembre 2023

Début avril, le Conseil fédéral (gouvernement) a dévoilé un projet visant à durcir les règles applicables aux banques alors que la fusion des deux plus grandes banques du pays a fait émerger un colosse dont la taille par rapport à l'économie helvétique inquiète.

"C'est une discussion importante à avoir pour le pays", a reconnu M. Ermotti lors de la conférence avec des analystes. "Mais il est encore trop tôt pour spéculer sur son impact", a-t-il ajouté, disant espérer une issue raisonnable à l'issue de ce débat.

Selon les calculs de certains experts, UBS risque de devoir constituer un coussin de liquidités supplémentaires de 15 à 25 milliards de dollars, des montants que la ministre des Finances Karin Keller-Sutter avait qualifié de "plausibles".

Lors de l'assemblée générale de la banque fin avril, son président, Colm Kelleher, a toutefois affirmé qu'il s'agit d'un "mauvais remède" qui risque surtout de miner la compétitivité d'UBS par rapport à ses concurrents internationaux, selon lui.

© 2024 AFP-Zurich (AFP)

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