14/05/2025 20:15
Au tour de Sanofi d'annoncer un investissement majeur aux Etats-Unis

Sanofi compte "investir au moins 20 milliards de dollars aux États-Unis d'ici 2030"
Le géant pharmaceutique français Sanofi, dont la moitié des ventes sont américaines, a annoncé mercredi son intention d'"investir au moins 20 milliards de dollars aux Etats-Unis d'ici 2030", emboîtant le pas à d'autres laboratoires qui ont déjà pris la même initiative pour se prémunir d'éventuels droits de douane.
Le groupe tricolore réalise à peu près la moitié de son chiffre d'affaires aux États-Unis, où seulement 25% de sa production est implantée, répartie dans cinq usines.
Son annonce n'est pas vraiment une surprise puisque la direction avait préparé le terrain fin avril en déclarant envisager d'augmenter ses investissements aux Etats-Unis.
Elle intervient néanmoins dans un climat d'imprévisibilité et donc d'inquiétude concernant la politique commerciale américaine du médicament.
Dans son communiqué diffusé aux Etats-Unis, Sanofi indique qu'il compte augmenter "considérablement ses dépenses de recherche et développement" aux Etats-Unis et d'y "étendre sa capacité de production", à la fois par "des investissements directs" dans ses sites et par des partenariats avec d'autres fabricants nationaux, afin d'assurer la production de médicaments aux Etats-Unis".
Ces investissements "contribueront à garantir la production de médicaments essentiels aux États-Unis", a déclaré le patron de Sanofi, Paul Hudson cité dans le communiqué.
Il n'est pas précisé quelle proportion des 20 milliards de dollars envisagés correspond à des investissements déjà prévus et quelle part représentent de nouveaux investissements.
"Les investissements prévus devraient créer un nombre important d'emplois bien rémunérés" dans les années à venir, assure Sanofi, qui compte 13.000 employés basés aux Etats-Unis.
A l'occasion de ses résultats trimestriels et sans trop s'avancer, le directeur financier de Sanofi, François Roger, avait déclaré fin avril que Sanofi évaluait ses besoins de capacité de production aux Etats-Unis où le groupe envisageait "potentiellement des investissements supplémentaires".
"Même avant toute la discussion sur les droits de douane", Sanofi avait planifié de fabriquer davantage aux Etats-Unis, avait-il souligné, disant surveiller "de près le développement" de la situation liée à l'offensive protectionniste américaine.
- Stratégie d'alignement -
Avant Sanofi, d'autres grands noms de la pharmacie, comme Eli Lilly, Johnson & Johnson, Merck, Roche et Novartis, avaient déjà annoncé de grands programmes d'investissements outre-Atlantique pour répondre aux attentes de Washington qui exerce des pressions pour encourager le retour des gros laboratoires aux Etats-Unis, grand importateur de médicaments.
Cette stratégie d'alignement vise à atténuer les risques de droits de douane et à rester compétitif sur le marché américain, le plus important au monde pour le secteur pharmaceutique.
Le prix du médicament y est significativement plus élevé qu'en Europe, du fait d'un système de santé où les assureurs privés jouent un rôle clé dans la fixation des prix.
Selon une étude de la Rand Corporation, les Américains payent en moyenne 2,5 fois plus pour les médicaments sur ordonnance que les Français par exemple.
Aussi, le président améticain Donald Trump a annoncé lundi un plan pour baisser les prix des médicaments sur ordonnance aux Etats-Unis, afin de les aligner sur les prix les plus bas pratiqués ailleurs dans le monde.
Sans avoir suffisamment de détails sur ce plan, il est compliqué pour les experts du secteur d'évaluer un possible impact sur la rentabilité des sociétés pharmaceutiques. Celles-ci échappent pour l'heure aux droits de douane mais la vigilance reste de mise.
En parallèle, les laboratoires européens demandent avec insistance des mesures destinées à renforcer la compétitivité du secteur sur le Vieux Continent, dont une révision à la hausse des prix.
Les Etats-Unis sont la principale destination des exportations des laboratoires européens: l’an dernier, 38,2% de leurs ventes hors Union européenne y ont été réalisées, générant un excédent commercial record de 74 milliards d’euros, selon des données d'Eurostat.
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