31/05/2025 16:38
Trump double les taxes sur l'acier importé, l'UE "prête" à riposter

Le président américain Donald Trump lors d'une visite de l'acierie US Steel à West Mifflin, en Pennsylvanie, le 30 mai 2025
Le président américain Donald Trump a annoncé que la surtaxe sur l'acier et l'aluminium passerait mercredi prochain à 50%, une nouvelle escalade dans son offensive protectionniste que l'Union européenne a "vivement regrettée" samedi.
"Nous allons passer les droits de douane sur l'acier de 25% à 50%, ce qui va davantage protéger" cette industrie aux Etats-Unis, a déclaré vendredi M. Trump depuis une aciérie du géant de la métallurgie US Steel en Pennsylvanie (est).
Il a plus tard précisé, sur sa plateforme Truth Social, que la mesure entrerait en vigueur le 4 juin, et concernerait aussi l'aluminium.
La surtaxe de 25% qu'il avait mise en place en mars sur ces métaux touchait également leurs dérivés, comme les cannettes.
"Nos industries de l'acier et de l'aluminium vont être plus fortes que jamais", a-t-il écrit.
La Commission européenne a réagi samedi, regrettant "vivement" ces nouvelles taxes qui "sapent les efforts en cours pour parvenir à une solution négociée" avec les Etats-Unis.
"Si aucune solution mutuellement acceptable n'est trouvée", des "contre-mesures" européennes "prendront automatiquement effet le 14 juillet, voire plus tôt si les circonstances l'exigent", a indiqué une porte-parole, soulignant que l'UE était "prête" à riposter.
Vendredi à la tribune, devant des ouvriers portant casques de sécurité et vestes de travail avec bandes réfléchissantes, le président américain a affirmé que le niveau des droits de douane sera tel que "personne ne pourra y échapper". Sa manière à lui d'inciter à produire et acheter aux Etats-Unis.

Trump annonce vouloir doubler la surtaxe sur l'acier importé, pour la passer à 50%
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a fait des droits de douane un des points cardinaux de sa politique: levier de négociation pour obtenir des concessions de l'extérieur, moyen de défendre l'industrie nationale ou encore source de nouvelles recettes publiques.
Droits de douane sur certains secteurs (acier, aluminium, automobile), certains pays (Chine, Canada, Mexique) ou encore universels - incluant des denrées introuvables sur le sol américain comme le cacao... Le chef de l'Etat a érigé un mur de nouvelles taxes sur les produits entrant dans son pays, avant de faire en partie marche arrière.
- Accord avec Nippon Steel -
Deux tribunaux de première instance ont considéré cette semaine qu'il n'avait pas le droit de décréter certains de ses droits de douane. Ceux-ci restent toutefois en vigueur tant que l'affaire n'est pas tranchée définitivement sur le fond.

Le président américain Donald Trump lors d'un discours à l'acierie US Steel à West Mifflin, en Pennsylvanie, le 30 mai 2025
Le président américain a aussi vanté en Pennsylvanie le rapprochement qu'il a lui-même approuvé la semaine dernière entre US Steel et son concurrent japonais Nippon Steel, et sur lequel peu d'informations avaient filtré.
"Le plus important, c'est que US Steel continuera à être contrôlé par les Etats-Unis, autrement je n'aurais pas conclu cet accord", a expliqué Donald Trump, en assurant que Nippon Steel allait injecter 14 milliards de dollars "dans le futur" de US Steel.
Fin 2023, les deux groupes industriels avaient annoncé un projet d'acquisition à 14,9 milliards de dollars (dette comprise) de US Steel par Nippon Steel.
L'opération, à laquelle Donald Trump s'est lui-même longtemps opposé, s'est retrouvée au cœur de la campagne présidentielle américaine de 2024, car elle concerne au premier chef la Pennsylvanie, un Etat stratégique sur le plan électoral, qui est aussi le berceau de l'aciérie aux Etats-Unis.

Le président américain Donald Trump lors d'une visite de l'acierie US Steel à West Mifflin, en Pennsylvanie, le 30 mai 2025
L'ex-président Joe Biden avait bloqué l'opération quelques semaines avant son départ de la Maison Blanche en janvier, arguant de questions de sécurité.
M. Trump avait décidé de réexaminer le projet.
"Chez Nippon Steel, ils n'ont pas cessé de me demander (de valider l'opération), j'ai refusé encore et encore et j'ai fini par me dire que ces gens voulaient vraiment faire quelque chose de grand", a-t-il décrit.
"Je dois approuver l'accord final avec Nippon, et nous n'avons pas encore vu cet accord final, mais ils ont pris un très grand engagement", a-t-il ajouté en rentrant à Washington vendredi soir.
Le syndicat USW, qui représente les salariés de la métallurgie, a exprimé son fort scepticisme dans un communiqué, expliquant n'avoir pas été consulté ni mis dans la confidence sur les conditions de l'accord.
© 2025 AFP-West Mifflin (États-Unis) (AFP)